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Catch me ft. Book
Cassidy Smith
SFPDCassidy Smith
Inscrit.e le : 26/12/2022
Messages : 9
Points : 13

Avatar : Brandon Flynn
Crédits : Dark Dreams

Âge : 29 ans
Occupation : Maître chien pour la police

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Lun 16 Jan - 16:49
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Catch Me


Le vacarme assourdissant de la pluie sur le toit de l'arrêt de tram brouille tous les sons que je devine à la vue. La discussion des deux jeunes un peu excités à ma gauche, la vidéo sur le portable du vieil homme las assis à ma droite probablement ignorant du concept d'écouteurs, la conversation téléphonique de la femme à sa droite. Rien ne me parvient que les bruits du déluge à quelques centimètres de nous. Je pourrais lui dire que je suis là pour elle, je pourrais divulguer mes intentions à tous et ils ne seraient pas capables de restituer mes paroles si leur vie en dépendait. Un temps parfait. Pas de visibilité, pas de sons, seulement le rideau de pluie et l'obscurité. Ce sera facile.

Les phares éblouissants du tram, déformés par l'averse, me rappelle à la réalité. Un part un, nous montons, essayant vainement d'éviter les gouttes. La femme, le vieil homme, moi et enfin les deux jeunes. A l'intérieur, l'odeur de vêtements mouillés me saisit tandis que je me presse contre ces gens qui rentrent d'une longue journée de travail et que la nuit hivernale alliée à la météo a fini de rendre grincheux. Elle s'est assise, bien sûr, trouvant la seule place restante et consciente qu'elle aurait dû revenir au vieux monsieur qui se cramponne comme il peut à l'une des barres métalliques alors que le tram repart. Pianotant sur son téléphone tout en continuant de parler, les pages défilent sur l'écran. Contrats, mails, accords entre entreprises, propositions d'achat, résumés de meeting importants. Un monde bien loin de celui des communs et pourtant la voilà dans le tram avec nous.

Quatre arrêts. Puis elle descendra, si elle suit son chemin habituel. Tout droit, à gauche après le barbier, deux blocs puis à droite dans la ruelle, trois cent mètres, la porte bleue sur la droite qui s'ouvre avec un pass et elle disparaît dans le grand immeuble. Trois arrêts. La pluie risque de modifier le trajet, cependant. Je tente un coup d'oeil à l'extérieur pour évaluer la météo mais la chaleur humaine a depuis bien longtemps embué les vitres du tram, ne me laissant voir que les formes déconstruites des quelques enseignes qui brillent dehors. Deux arrêts.

Elle a terminé sa conversation. Préparation pour sortir tout en protégeant son portable, toute sa vie dans la poche étanche de son manteau en similicuir. Son pied tape nerveusement sur le sol, son regard dévisage la grosse dame assise à côté dont le cabas tangue à chaque virage. Un arrêt. Elle aussi tente un regard vain dehors et son visage se crispe quand elle n'arrive pas à voir ce qu'elle voulait. Le tram s'arrête, je suis déjà à la porte. Elle ne se lève pas avant qu'elle s'ouvre. Typique. Je m'engouffre dans le froid et la pluie, directement à gauche et m'éloigne sans me retourner. Tout droit, gauche, droite. Gauche, droite, tout droit. Voilà comment je retombe sur elle, si elle ne change pas d'itinéraire.

Je marche rapidement, rien de suspect sous cette pluie battante. Gauche. Hors de l'artère principale, je m'autorise une petite foulée pour prendre de l'avance. J'atteins le croisement où ma route rejoindra la sienne. La ruelle où elle prendra à droite pile en face de moi. Mon couteau se retrouve dans ma main sans que j'y prête attention. Ce sera facile, il n'y a qu'à l'attendre.
Tanay Ozgümüs
SorcererTanay Ozgümüs
Inscrit.e le : 25/12/2022
Messages : 17
Points : 17

Avatar : Berker Güven
Crédits : Ellios

Codename : Book / Bookwyrm
Âge : 114 ans
Occupation : Faussaire / Passeur
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Lun 23 Jan - 21:02
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Catch Me


Les jours de pluie ont ce prisme indéfinissable qui distord la trame du quotidien. Comme si le temps s'écoulait soudainement différemment, les habitudes bousculées par ceux qui se pressent pour éviter les gouttes, là où les autres s'enferment dans l'immobilité confortable d'une sécheresse toute domestique.

Aucune efficacité dans ses gestes ce jour. Il est resté presque immobile, des heures durant, au milieu d'une masse de papier qui se refusait à se soumettre à ses tentatives de productivité. Lignes d'encre se dérobant à son attention, comme rendues floues par une certaine lassitude inhabituelle. Il a fini par laisser tomber, attraper un manteau au hasard et quitter l'appartement devenu cellule stérile.

Aussi ses pas résonnent sans bruit, leur écho aqueux noyé dans la mélodie des gouttes qui viennent tremper le bitume et sa tête restée nue. Il marche sans but, déambulant sous la pluie comme pour en absorber la quiétude, l'eau ruisselant sur ses mèches; pour exister un instant hors du travail auquel il consacre sa vie; feuille sur feuille, mensonge après mensonge, inlassablement couchés d'une police régulière pour protéger les oubliés, cour des miracles discrète murée dans le silence de l'illégalité.

Il profite, de longues minutes, laissant ses pensées vagabonder loin de ses préoccupations habituelles, dans cet espace de vague cognitif où rien n'est vraiment tangible, où se heurtent tranquillement fragments de souvenirs flous et embryons de réflexions informes, sans jamais vraiment créer de fil conducteur, alors qu'il déambule.

Et puis ses pas le mènent au hasard des rues dans un coin plus désert qu'un autre, et son esprit revient en focus, presque par accident, alors que son regard capte un reflet qu'il n'aurait pas dû, qui aurait pu lui échapper, à travers le flou météorologique qui le berce depuis pas loin d'une heure.

Mèches collées à son front. Humidité omniprésente, ayant réussi à s'infiltrer jusque dans ses combat boots. Chaque pas soulève quantité d'eau venant désagréablement glisser entre ses orteils. Le manteau colle presque à sa peau glacée, et le bout de ses doigts bleuis d'encre est engourdi au point presque de ne plus rien sentir.

Ses iris ont capté, malgré lui, un manège étrange qu'il a suivi sans s'en rendre compte. Une silhouette masculine, esseulée, au trajet illogique. Et l'éclat froid d'une lame pourtant dissimulée, présage d'intentions discutables qui lui tirent un soupir, nuage de vapeur bien vite dissout par l'averse qui n'en finit plus de tomber.

Ses mains rejoignent le fond de ses poches, la pulpe de ses doigts engourdis venant s'accrocher autour de petits flacons comme d'autre s’accrocheraient à une arme, présence familière et rassurante qui ne le quitte presque jamais. Il presse le pas, tachant de rester silencieux, ses pieds évitant, avec la force de l'habitude, les flaques les plus profondes qui ne manqueraient pas de révéler sa présence à grand bruit éclaboussé. Et il tisse, presque d'instinct, un sort de camouflage, léger, qui vient tout juste assez diminuer sa présence pour qu'on ne le remarque qu'en cherchant précisément à lui porter attention.

Son inconnu s'arrête à l'angle d'une ruelle, attend, avec la patience tranquille de celui qui traque et sait que sa proie arrive. Reste à déterminer le genre de proie il file, quelles sont les intentions.

Il pourrait ne pas s'en mêler, détourner son regard qu'il sait faire impassible. Le monde est rempli de suffisamment de héros qui s'entichent de telles causes, de faire de grandes responsabilités de leurs pouvoirs, au point de vouloir à tout prix sauver toutes les âmes qui passent à leur portée. Il n'en fait pas partie, se dédouane souvent de ce genre de préoccupations.

Mais parfois...

Parfois sa conscience le rattrape, et puis les jours de pluie ont ce prisme...

Il se sent obligé, d'il ne sait trop où, de suivre, d'intervenir, juste au cas où, comme si quelque fil invisible le tirait par là, pour l'obliger à se mettre sur la route d'un quelconque destin.

Il patiente à son tour, en retrait, attend la dernière seconde, l'instant propice, à deux ou trois pas tout juste, hors de portée d'un coup de lame surpris, la toile d'arcanes resserrée atour de lui comme seul camouflage. Et puis, au moment où l'image de la jeune femme tourne à l'angle, il relâche le tout, laisse sa voix s'élever juste assez pour percer les tribulations de la pluie.

- You know, you really shouldn't wait at the end of some back alley like that. In a world full of superheroes eager to please, one of them could think you're a bad guy. Or a vigilente, if she's a criminal. Not that the difference really matters to most of them.
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